lundi, mai 20

Les potirons et les noix

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Assis seul sous un noyer, un jour de forte chaleur, Djoha s’aérait avec, en guise d’éventail, une feuille de potiron cueillie dans le verger qui s’étendait à ses pieds.

– Je me demande si je ne devrais pas enlever ce turban qui me tient chaud ? se demanda t-il

Djoha regarda à droite, à gauche, derrière lui, devant lui :

– Il n’y a pas âme qui vive en vue. Je peux enlever mon turban sans que quelqu’un puisse rire de ma calvitie !

Il déroula alors son turban et l’utilisa pour essuyer sa tête chaude ruisselante de sueur puis posa le turban sur le sol, à côté de lui et soupira, satisfait, ventilé par la feuille de potiron.

– Haaaa ! Je me sens bien, dit Djeha-Hodja Nasreddin. J’ai fait du bon travail dans le verger aujourd’hui. J’ai mérité un bon dîner. Kalima a dit qu’elle allait faire un potage de poulet pour le dîner.

Djoha agitait de plus en plus lentement la feuille de potiron, qui s’arrêtait dès qu’il somnolait, reprenant dès qu’il s’éveillait de nouveau. Soudain, il remarqua quelque chose d’insolite.

– Vieil arbre stupide ! Dit Djoha en pointant un doigt accusateur au noyer qui le protégeait du soleil. C’est tout ce que tu peux produire ? Dit-il en regardant avec mépris les noix qui poussaient sur l’arbre.

– Regardez votre taille ! Dit Djoha aux noix. Les meilleures d’entre vous ne sont pas plus grandes que mon pouce. Prenez exemple sur votre voisin, le potiron. Sa liane est rampante et humble, mais voyez quels fruits énormes elle donne.

– Pensez, dit Djeha-Hodja Nasreddin à son auditoire de noix et de potirons, que les choses auraient pu être inversées. Les énormes potirons pourraient alors se tenir fièrement sur les solides branches de ce noyer. Les petites noix pourraient s’accrocher sans peine à la liane du potiron, cette dernière pouvant même relever sa tête, si elle portait des fruits de taille raisonnable.

Une douce brise apparue brusquement et agitait les branches au-dessus de la tête chauve de Djoha.

– Oui, oui, continua t-il, si Dieu avait créé les arbres et les lianes, pour….

Djeha-Hodja Nasreddin n’eu pas le temps de terminer sa phrase qu’au-dessus de sa tête, il y eut un petit craquement dans les branches, comme si quelque chose traversait le feuillage. Un bruit sec se fit entendre alors que quelque chose heurtait la tête chauve de Djeha-Hodja Nasreddin. Il hésita un court instant. Avec sa main gauche il ramassa une noix, petite sans doute, mais dure, très dure. Avec sa main droite, il frotta sa pauvre tête où un petit morceau de coquille de noix était planté. En s’excusant, Djoha leva les bras au ciel, qu’il prit à témoin :

– Oh Allah Dit-il humblement et avec humilité. Pardonne-moi d’avoir dit que tu as eu tort d’avoir créé des potirons poussant sur des lianes volubiles et des noix poussant sur des arbres. Tu as été plus sage que moi. Supposons que cela avait été un potiron qui serait tombé de cet arbre sur ma pauvre tête !

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